C’est selon,

Revue, poésie et écritures, 16 numéros publiés de 2002 à 2005


En 2002, dans des salons lointains de Montréal, plus ou moins neuf écrivains et exactement deux graphistes se sont réunis pour fonder le collectif C’est selon,. Ce nom, s’il s’impose aujourd’hui d’évidence, fut aussi difficile à trouver que celui d’un band sans chanson.

Les membres fondateurs de C’est selon, cherchaient créer un lieu qui leur ressemble, et ne ressemble à aucun autre, comme le veut la formule éprouvée. La conjonction de leur argent de poche, d’une photocopieuse haut de gamme, de librairies indépendantes et de lecteurs sympathiques à leur cause, a permis au collectif et à ses amis de publier 16 numéros jusqu’en 2005, auquel moment elle sera terrassée par l’éternel retour, dans les contextes dits d’avant-garde, des luttes intestines, et l’éparpillement des vies et des carrières. La revue aura prouvé expérimentalement qu’il est possible de publier d’excellents textes en pliant en leur centre des feuilles 11 × 17, qu’on aura d’abord soigneusement mises en page, et en les brochant ensemble.

Vendue, au Canada et en Europe, à une poignée d’irréductibles abonnés (dont plusieurs portaient les mêmes noms de famille que les auteurs) et distribuée gratuitement dans divers « points de chute » montréalais, C’est selon, fonctionnant en marge du système établi de l’édition, a marqué un moment de rare invention littéraire et graphique dans le paysage culturel québécois.

La revue, qu’on voulait faire reconnaître, s’est lancé dans la publication de numéros thématiques, en se penchant sur des questions d’importance poétique comme l’arithmétique (1+0 = 10), le cinéma par écrit, publié en format 16:9 (ou 11 × 17/2), les amis et le sexe (12 et 13 de nombre, en séquence logique), le numéro des animaux (quatorze de meute), utilisé par les représentants de la firme Domtar pour vendre leur beau papier platine, ou le pénultième numéro bruxellois, imprimé à grand bruit sur une archaïque imprimante matricielle. Parmi ses plus grands succès, et parce que l’on vit où l’on vit, notons aussi le dossier que lui consacrait la prestigieuse revue française Fusées.

C’était selon. Il est permis de ne pas prononcer la virgule.




Membres fondateurs: Claude Bernier, Daniel Canty, Éric De La Rochellière, Hugo Duchesne, Àlain Farah, Renée Gagnon, Christian Larouche, Mylène Lauzon, Dominiq Vincent
Membre a posteriori: Xandère Sélène
Membre disparu: Jean-Simon Desrochers
Conception graphique: Élise Cropsal et Alexandre Saint-Jalm

Prix
C’est selon, quatorze de meute, Prix Expozine, meilleur zine francophone (ex-æquo), Montréal, 2005
C’est selon, quatorze de meute, Prix Grafika, mention spéciale du jury, magazines, Montréal, 2005