L’homme aux sept orteils

Michael Ondaatje, poésie, Montréal, Le Noroît, 2011, 64 p.
Traduit de l’anglais (Canada) et mis en livre par Daniel Canty
lenoroit.com


L’homme aux sept orteils emprunte sa trame à un grand mythe australien : les aventures d’une lady écossaise, égarée dans le bush et vivant parmi les aborigènes, et d’un bagnard en cavale, Potter, qui la ramènera à la civilisation contre la promesse de son pardon. D’un poème à l’autre, le temps se désarticule, et nous entrons dans la dimension floue de la légende, à travers l’intimité des corps qui lui donnent naissance.

L’homme aux sept orteils est un livre qui invite à l’égarement. La narration, fragmentaire et imagée, évoque celle d’un film expérimental, que la violence des images aurait fait voler en éclats. Sorte de pièce de théâtre en vers, portée par trois voix entremêlées, le texte donne corps à un monologue intérieur partagé. Le langage, intensément charnel, y semble l’efflorescence autonome des perceptions et des pulsions des personnages, cicatrisée dans les replis du paysage.

Cet impossible western est un assemblage de bribes, d’images rescapées de l’effacement par leur sauvage et hallucinante sensorialité, leur violence imparable.




Un livre de Daniel Canty
Dessins: Sophie Jodoin
Conception graphique: Élise Cropsal