Alchimie de brocante

L’art de Joseph Cornell

Charles Simic, poésie, Montréal, Le Noroît, 2010, 124 p.
Traduit de l’anglais (États-Unis) et mis en livre par Daniel Canty
lenoroit.com


L’artiste américain Joseph Cornell (1903-1972) ne savait ni dessiner, ni sculpter. Rêveur appliqué et solitaire, il écumait les brocantes et les antiquaires de Manhattan en quête de trouvailles à ramener au sous-sol de sa maison d’enfance, à Utopia Parkway, où il vivait seul avec Robert, son frère invalide. Il y remplissait ses « boîtes d’ombre » d’objets trouvés, fabriquait des courts-métrages à partir de chutes de films de l’âge d’or d’Hollywood et réalisait des collages hantés par l’image de femmes inconnues.

Charles Simic, qui a arpenté les mêmes rues que Cornell, nous donne ici un livre de marcheur, Baedeker éclaté de cette ville réelle irréelle où Cornell a passé sa vie, à la frontière d’Onirie et d’Amérique. Les immigrants d’une Europe de conte, les spectres de Taglioni, d’Houdini et de Bartleby, de Poe, Melville ou Dickinson, se mêlent aux figurants d’un théâtre de papier. Alchimie de brocante, avec son mélange de prose, de poésie et de fragments des journaux de Cornell, porte à conclure que la découverte du Nouveau Monde continue depuis toujours.




Un livre de Daniel Canty
Conception graphique: Élise Cropsal

Résidence
Banff International Literary Translation Centre, Alberta, juin 2009.